Dans le monde en constante évolution des stratégies marketing, le témoignage et l'expérimentation émergent comme des piliers fondamentaux pour établir une confiance solide entre une marque et son public. Si le téléachat était autrefois le vecteur principal de cette approche, l'ère actuelle voit les influenceurs jouer un rôle crucial, offrant aux marques une garantie d'authenticité. Cependant, cette nouvelle forme de promotion comporte des risques, notamment pour les influenceurs, dont non seulement le corps mais aussi l'intellect et l'identité deviennent le support de l'expérimentation.

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Léna Mahfouf, une personnalité éminente des réseaux sociaux, incarne cette tendance en mettant en avant l'authenticité et la transparence pour tisser des liens plus étroits avec son public. Cependant, derrière cette quête d'authenticité, se profile la question complexe de l'authenticité fabriquée, où la frontière entre le réel et le calculé devient floue.

 

Lors d'une entrevue accordée à Vogue France lors du Festival de Cannes 2023, Léna Mahfouf dévoile les coulisses de son monde glamour en révélant que les vêtements élégants qu'elle porte ne lui appartiennent pas. Léna expose également sa vulnérabilité en admettant ne pas être au sommet de sa confiance personnelle, et en reconnaissant l'utilisation, par moments, d'acting pour surmonter ces instants d'insécurité. Une déclaration de sincérité qui témoigne de sa volonté de se montrer telle qu'elle est, loin des artifices souvent associés aux influenceurs.

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"Les vêtements stylés qu’on porte au Festival de Cannes sont des prêts. Rien ne nous appartient. En ce moment, je ne suis pas en full confiance perso, je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas au max de mon amour personnel. Donc ce soir je vais essayer de tout donner, mais il y a moyen que ce soit en partie de l’acting."

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Léna aborde ensuite la question délicate du cyberharcèlement lié à son poids, après avoir été victime d'insultes suite au port de la robe au festival de Cannes considérée comme trop sexualisante et inappropriée. Une tenue signée Vivienne Westwood qui lui a valu une salve de critiques de la part des internautes. Touchée mais philosophe, la jeune femme a décidé de répondre en adressant un message de tolérance : "Moi, je vous envoie que du love."

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"Depuis deux ans, j’ai fait le choix de ne plus utiliser de filtre afin de montrer une image honnête et non modifiée." 

 

Image publique et réalité

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La réponse de Léna à cette agression, tout en évoquant son choix de ne plus utiliser de filtres sur les réseaux sociaux, soulève la notion d'une "authenticité fabriquée" ou plutôt pourrait on dire "authenticité calculée". Cette expression pourrait décrire la nécessité, voire l'obligation, pour un influenceur de composer avec une vie privée qu'il ne peut pas totalement dévoiler au grand public. Léna a dû se retirer des réseaux sociaux après le harcèlement pour s'éloigner des critiques et de la haine. La question de la limite entre le public et le privé devient cruciale : quelle part de soi faut-il sacrifier pour protéger sa vie personnelle ?

 

La stratégie discursive d'une "authenticité fabriquée" est mise en lumière lorsqu'elle partage des moments intimes avec sa communauté. Suivre l'influenceur tout au long de sa journée, partager son intimité, c'est le double tranchant de cette stratégie. Certains influenceurs se plaignent même d'être pris pour des amis dans la rue par des abonnés, soulignant ainsi le revers de la médaille. En misant sur une proximité, une compréhension et une empathie supposées, les influenceurs risquent de susciter un attachement excessif de leur communauté, basé sur une image souvent édulcorée de la réalité.

 

Le défi réside dans la gestion de cette limite entre authenticité et préservation de l'identité personnelle. Il est essentiel de reconnaître que l'authenticité totale peut être un piège, incitant parfois les influenceurs à incarner l'essence même d'un produit, voire à vendre leur existence. Dans cet équilibre délicat, il est parfois nécessaire de fausser son identité pour survivre, comme l'a fait Léna Mahfouf en jouant un rôle lors du Festival de Cannes.

 

Ainsi, l'ère des influenceurs redéfinit la relation entre le public et le privé, l'authenticité et la fabrication, la transparence et la protection de soi. Si l'authenticité demeure un atout majeur dans la promotion des produits, il est crucial de comprendre ses limites pour préserver l'essence même de l'individu derrière l'influenceur.